Ils sont beaux, colorés, interactifs… et pourtant, nos tableaux de bord n’ont jamais pris une seule décision à notre place. Data analysts ou autre, nous avons tous déjà ressenti cette frustration : malgré la richesse des dashboards, les décisions importantes sont toujours aussi difficiles à prendre. Et si ce n’était pas un problème de données, mais plutôt un problème de posture ?
De la Business Intelligence à la Decision Intelligence : une évolution nécessaire
La Business Intelligence (BI) s’est imposée depuis deux décennies comme l’outil incontournable de l’analyse de données. Elle a permis à des milliers d’entreprises de passer du reporting Excel à des visualisations dynamiques, filtrables, souvent en temps réel. Mais la BI souffre de trois limites majeures :
- Elle décrit, mais ne prescrit pas. En d'autres termes, elle montre ce qui s’est passé, mais pas directement ce qu’il faut faire ensuite.
- Elle suppose un humain disponible et formé. Ce qui, dans la vraie vie, est rarement le cas.
- Elle isole la décision du contexte. Les visualisations sont souvent déconnectées des contraintes terrain ou des objectifs stratégiques.
La Decision Intelligence (DI) n’a pas vocation à remplacer la BI, mais à l’augmenter. Elle intervient après l’analyse, là où les choses sérieuses commencent : que fait-on de l’information ?
Les limites invisibles des tableaux de bord
Prenons un exemple simple : un dashboard vous indique une chute de 20 % des ventes dans une région. Parfait, l’alerte est là. Et maintenant ?
- Pourquoi cette chute ?
- Que faire pour y remédier ?
- Quel scénario serait le plus efficace ?
À ce stade, la BI s’arrête. Elle vous dit : “Voici les chiffres, bonne chance.”
La DI, en revanche, pose des hypothèses, modélise des réponses possibles, propose des actions, et parfois en automatise certaines. Elle ne se contente pas de la question “Qu’est-ce qui s’est passé ?” mais aborde les suivantes : “Pourquoi ? Et que faire ensuite ?”
Pourquoi la BI reste utile
Il ne s’agit pas de jeter la BI aux orties. Elle reste essentielle pour :
- Assurer une traçabilité des données historiques,
- Rendre compte aux parties prenantes,
- Identifier des tendances ou anomalies.
Mais elle atteint ses limites dès que l’on parle de dynamique décisionnelle. Et encore plus dans des contextes où les décisions doivent être fréquentes, rapides, contextualisées.
Comment passer de la BI à la DI ?
- Modéliser les décisions : comprendre les logiques métiers, les critères de choix, les dépendances entre variables.
- Intégrer des modèles prédictifs : prévision, détection d’anomalies, optimisation.
- Concevoir des interfaces décisionnelles : qui ne se contentent pas de montrer, mais proposent, simulent, expliquent.
- Garder l’humain dans la boucle : validation, arbitrage, feedback.
Conclusion
Les tableaux de bord ont transformé notre manière de visualiser les données. Mais visualiser n’est pas décider. La Decision Intelligence ne remplace pas la BI : elle lui donne un prolongement logique et stratégique.
Dans un monde où l’inertie coûte cher, où chaque décision rapide et bien informée compte, il est temps de franchir le pas. Après tout, un bon tableau de bord vous dit que vous allez dans le mur. Un bon système décisionnel vous propose de tourner avant l’impact.